Il y a un phénomène dans le débat publique de ces dernières années qui semble s'amplifier et m'inquiète profondément en raison des conséquences qu'il a sur la qualité des solutions, idées que notre société produit. On peut l'observer fréquemment, sur internet comme dans la vie courante.
Ce phénomène pourrait être résumé ainsi: nous ne sommes plus capables de réfléchir aux problèmes sans entrer dans des polémiques partisanes, aveuglées par l'idéologie. Il semblerait qu'il n'y ait plus que quelques grilles de lecture qui soient utilisées: par exemple celle de l'anti-racisme dans le domaine des questions sociales, de l'utra-libéralisme, de "l'alter-mondialisme", ou de l'anti-sarkozisme dans le champ politique.
Certainement si on lit de la philosophie, ou des travaux de chercheurs, on trouvera une certaine variété dans les approches intellectuelles, mais dans le débat public accessible à tous via les grand médias, cette variété n'existe plus.
Certainement si on lit de la philosophie, ou des travaux de chercheurs, on trouvera une certaine variété dans les approches intellectuelles, mais dans le débat public accessible à tous via les grand médias, cette variété n'existe plus.
Encore un exemple aujourd'hui dans Le Monde:
http://abonnes.lemonde.fr/politique/reactions/2011/07/28/harlem-desir-demande-la-dissolution-de-la-droite-populaire_1553859_823448_1.html
Évidement, Harlem Désir est une homme politique, il prêche pour sa paroisse, défend ses intérêts, et on ne peut pas le lui reprocher. Mais c'est quand même étonnant de voir comment on a bâillonné le débat public. Voilà le secrétaire général d'un parti démocratique, le PS, formation très représentative de l'électorat français, qui se permet de demander la dissolution d'un courant au sein du parti concurrent, qui a lui aussi une légitimité populaire. C'est tout simplement refuser que certaines idées s'expriment, c'est refuser à une parti du peuple la représentation de ses idées, et c'est très anti-démocratique. Quelques soient ces idées.
Ce phénomène touche tout le monde, pas seulement nos élites intellectuelles, politiques, il suffit de lire les commentaires des abonnés du Monde, de Libération et du Figaro, qui à eux trois donnent une idée assez fidèle de ce que pense 85% de l'opinion publique.
Quelles sont les raisons?
Il y en certainement une multitude, voici celles qui me viennent à l'esprit:
Ce phénomène touche tout le monde, pas seulement nos élites intellectuelles, politiques, il suffit de lire les commentaires des abonnés du Monde, de Libération et du Figaro, qui à eux trois donnent une idée assez fidèle de ce que pense 85% de l'opinion publique.
Quelles sont les raisons?
Il y en certainement une multitude, voici celles qui me viennent à l'esprit:
- Impossible neutralité. À l'heure du terrorisme mondial, d'actes de barbarie commis contre des peuples, ou même de la simple incivilité quotidienne, il n'y a plus de place pour la neutralité. On vous demandera toujours de prendre parti. Ne pas s'engager revient à passer dans le camp ennemi. Ne pas dénoncer, revient à cautionner. Prendre parti pour une cause, prendre parti pour une idéologie, pas d'échappatoire possible. Cette impossible neutralité, et notre tendance naturelle à prendre parti, nous pousse à adhérer à des idéologies. À revendiquer des idées, à les faire siennes, à les promouvoir. En chemin on oublie d'analyser. L'idéologie remplace l'intelligence, elle est un raccourci confortable, protecteur.
- Le politiquement correct. PC. Tout doit être PC. À partir de là, plus aucun débat n'est possible. On a trop peur de vexer telle ou telle minorité ethnique, choquer une corporation, enfreindre les conventions sociales de bienséance, etc.
Comment poser les questions -certes délicates- de société sans être étrillé par les associations de bien-pensants?
Les bien pensants interdisent que soient aborder certains thèmes, soit évoqués toutes les solutions. L'anathème est immédiat, automatique. C'est une nouvelle forme d'obscurantisme. Il n'est plus au service d'une religion mais d'idées laïques. Dans tous les cas, plus personne ne veut se salir les mains. Le conformisme et la lâcheté prennent le dessus.
Quelles sont les conséquences?
- Un prisme déformant. L'aveuglement idéologique conduit à tout interpréter (déformer), à tout récupérer au service de son camp. Par exemple M. Le Pen, récupère la tuerie d'Oslo du 23 Juillet à son compte, il y lit les dérives du multiculturalisme, des élites, etc... C'est dans Le Monde:
http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2011/07/30/jean-marie-le-pen-juge-la-naivete-de-la-norvege-plus-grave-que-la-tuerie-d-oslo_1554429_823448.html#ens_id=1551858
On ne pourra pas l'en blâmer, lui aussi est un homme politique, a des intérêts à défendre. Il manque néanmoins d'analyser les vrais raisons qui ont poussée l'homme a passer aux actes. Raisons sociologiques, psychologique, techniques (le manque de policier armés), etc.
Le risque ici est évidement de faire les mauvais diagnostiques.
- Complexe de supériorité, ou l'illusion de croire qu'on a toujours raison. Un engagement idéologique, on s'y attache, il devient vous, vous définit. Difficile de s'en débarrasser, de le renier sans se renier soi-même, sans avouer ses propres limites, ses contradictions, son incapacité à apporter des solutions,... L'idéologie est fasciste: elle invalide les thèses concurrentes, différentes avant même qu'elles aient été énoncées.
- Appauvrissement du débat, des idées, la "pensée unique". Conséquence du point précédent, l'idéologie se nourrit d'elle même. Elle dégénère forcément. Le socialisme soviétique qui s'enfonce dans ses erreurs jusqu'au ridicule, jusqu'au déni de la réalité, l'ultra libéralisme croyant à l'auto-régulation des marchés -sa propre propagande- et qui s'auto perverti, rongé par l'avidité jusqu'à l'autodestruction.
Les idéologies sont dépassées par leur temps. Elles ne peuvent produire que des idées obsolètes. Leur nature même ne leur permet pas d'évoluer de s'adapter aux changements, inhérents à la nature humaine et aux sociétés.
http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2011/07/30/jean-marie-le-pen-juge-la-naivete-de-la-norvege-plus-grave-que-la-tuerie-d-oslo_1554429_823448.html#ens_id=1551858
On ne pourra pas l'en blâmer, lui aussi est un homme politique, a des intérêts à défendre. Il manque néanmoins d'analyser les vrais raisons qui ont poussée l'homme a passer aux actes. Raisons sociologiques, psychologique, techniques (le manque de policier armés), etc.
Le risque ici est évidement de faire les mauvais diagnostiques.
- Complexe de supériorité, ou l'illusion de croire qu'on a toujours raison. Un engagement idéologique, on s'y attache, il devient vous, vous définit. Difficile de s'en débarrasser, de le renier sans se renier soi-même, sans avouer ses propres limites, ses contradictions, son incapacité à apporter des solutions,... L'idéologie est fasciste: elle invalide les thèses concurrentes, différentes avant même qu'elles aient été énoncées.
- Appauvrissement du débat, des idées, la "pensée unique". Conséquence du point précédent, l'idéologie se nourrit d'elle même. Elle dégénère forcément. Le socialisme soviétique qui s'enfonce dans ses erreurs jusqu'au ridicule, jusqu'au déni de la réalité, l'ultra libéralisme croyant à l'auto-régulation des marchés -sa propre propagande- et qui s'auto perverti, rongé par l'avidité jusqu'à l'autodestruction.
Les idéologies sont dépassées par leur temps. Elles ne peuvent produire que des idées obsolètes. Leur nature même ne leur permet pas d'évoluer de s'adapter aux changements, inhérents à la nature humaine et aux sociétés.
Pour conclure brièvement, les conséquences politiques de l'aveuglement idéologique sont principalement 3: un déficit de représentativité, une impossibilité d'échange des idées et de leur renouvellement/ enrichissement mutuel, l'inadéquation des solutions proposées, dues entre autre à leur obsolescence et aux diagnostics biaisés qui les ont précédées.
Les conséquences pratiques pour un pays peuvent être dramatiques. La frustration croissante du peuple face à l'inefficacité des idées, ou au déni des problèmes fait le jeu des parti de l'extrême droite et de l'extrême gauche, dont on sait les desseins plus néfastes aux hommes, à leur sécurité et à leur prospérité.
Remplaçons les idéologies par des principes simples, adaptables, non prosélyte. Vive le pragmatisme!